L’IA transforme en profondeur les environnements de travail.
Si elle promet des gains d’efficacité, elle soulève aussi des enjeux cruciaux : évolution des métiers, organisation du travail, conditions d’exercice, risques pour les salariés.
IA : de quoi parle-t-on ?
L’IA désigne les systèmes informatiques capables de reproduire les processus cognitifs humains pour réaliser des tâches : analyser des données, prendre des décisions, générer du contenu…
Des métiers transformés, plus que supprimés
Loin d’un scénario de suppression massive d’emplois, l’Organisation internationale du travail des Nations Unies (OIT, 2023) montre que l’IA aura surtout pour effet de transformer les métiers « en termes de qualité, d’intensité du travail et d’autonomie ».
Selon l’OCDE, à moyen terme :
• 16 % des emplois pourraient disparaître (lorsque plus de 70 % des tâches sont automatisables).
• 33 % des emplois seront transformés (entre 50 et 70 % des tâches automatisables).
• Des métiers apparaîtront (développement, maintenance, supervision des IA).
Le changement porte surtout sur le contenu du travail : disparition de certaines tâches, apparition d’autres. Cela implique des réorganisations internes : redistribution des ressources humaines, évolutions des systèmes d’information, nouvelles procédures…
Des effets concrets sur les conditions de travail
L’IA peut simplifier certains aspects du travail, mais elle comporte aussi des risques :
• Intensification du travail,
• Renforcement du contrôle des salariés,
• Affaiblissement des collectifs,
• Incertitude professionnelle.
Ces effets relèvent souvent des risques psychosociaux (RPS). Ils doivent être anticipés et intégrés dans la politique de prévention de l’entreprise.
Le rôle du CSE
Le CSE doit être acteur de cette transformation. Il peut notamment :
• Former les membres du CSE, de la CSSCT et les délégués syndicaux aux enjeux de l’IA,
• Participer à des groupes de travail sur le sujet,
• Inscrire l’IA à l’ordre du jour des réunions CSE : informer, alerter, débattre,
• Sensibiliser les salariés et la direction aux risques,
• Solliciter une expertise en cas de projet d’IA impactant les conditions de travail (art. L2315-94 du Code du travail).
Le but n’est pas de freiner l’innovation, mais de s’assurer qu’elle soit mise en œuvre de manière éthique, sécurisée, socialement acceptable et qu’elle ne dégrade pas les conditions de travail.
Le développement de l’IA est inévitable. Il faut donc se former, comprendre ses mécanismes, anticiper son impact dans nos pratiques professionnelles et apprendre à travailler avec l’IA, et non pour l’IA.
L’IA transforme les manières de travailler. Elle soulève des enjeux majeurs pour l’emploi et les conditions de travail. Le CSE a un rôle essentiel à jouer pour anticiper ses effets, protéger les conditions de travail et instaurer un dialogue social constructif autour de son intégration.
Marion OUTTERS
Chargée de mission EXPLICITE SCT
m.outters@explicite-cse.fr